Je n’ai fait, jusqu’à présent, d’essais qu’avec trois papiers Japonais. Il s’agit de l’Unryu 25 grammes, du Sekishushi 34 grammes et du KOZO 46 grammes.
J’ai repris en grande partie la méthode décrite par René SMETS. J’ai adapté certaines parties et je décris quelques particularités observées.
Préalables :
D’après René SMETS les papiers actuels sont généralement trop peu encollés. Il faut donc procéder à un encollage supplémentaire avant d'étendre la couche qui sera sensibilisée sinon, une partie de celle-ci est absorbée par le papier. Ceci est d’autant plus vrai avec les papiers Japonais qui ne sont pas ou extrêmement peu encollés. Le papier encollé doit être tanné. Cela se fait soit à l'alun, soit au formol. Il y a deux sortes d’alun généralement utilisé ; l’alun de chrome et l'alun de potassium qui est moins efficace. Par ailleurs, le tannage à l'alun n'atteint son effet optimal qu’après plusieurs jours. Le
tannage au formol est plus immédiat, mais c'est un produit plus délicat à manipuler et à acheter. Il est vivement conseillé d’utiliser le formol dans un endroit ventilé ou en extérieur. Enfin, l’utilisation d’eau déminéralisée permet de s’affranchir des diverses impuretés qui
peuvent être présentes dans l’eau du robinet (métaux, chlore, etc, etc).
Les ingrédients :
- gélatine photo 250 bloom.
- alun de chrome ou alun de potassium ou formol.
- eau déminéralisée.
- amidon.
- plaque de plexiglass.
Première partie, l’encollage.
Encollage à l’alun.
- 30 grammes de gélatine alimentaire dans 1 litre d'eau déminéralisée.
- 5 grammes d’alun de chrome ou de potassium dans 100 ml d'eau déminéralisée.
Laisser gonfler la gélatine pendant une demi-heure dans l'eau froide avant de réchauffer le tout au bain-marie, à environ 55°C.
Quand la gélatine est liquide, y ajouter 5 ml de la solution d'alun de chrome après l'avoir réchauffée légèrement. Verser le mélange dans un bac placé sur un chauffe-plats afin de maintenir la température. Y glisser une feuille qu'on laisse tremper pendant un quart d’heure en veillant que toute la surface de la feuille soit bien immergée, et ce, tout au long du bain d’imprégnation. En sortant la feuille du bain, l’égoutter assez rapidement avant de la déposer sur un support bien horizontal. La feuille est ainsi mise à sécher. Une fois sec, entreposer ce papier dans un endroit sec pendant plusieurs jours de manière à ce que l’alun tanne la gélatine.
Encollage au formol.
On prépare un bain avec uniquement de la gélatine dans les mêmes proportions que précisé ci-dessus. Immerger la feuille pendant un quart d’heure, l’égoutter et l’étendre sur un support horizontal.
Après séchage d’environ vingt quatre heures, plonger la feuille pendant dix minutes dans un bain composé de 25 ml de formol/litre d'eau déminéralisée. Veiller également à l’immersion totale du papier. Le tannage est quasi immédiat.
Une fois les dix minutes passées, sortir la feuille du bain et bien la rincer à l’eau en prenant soin de changer l’eau une ou deux fois. Cette opération a pour but d’éliminer d’éventuels résidus de formol qui pourraient inter-agir avec la gélatine à sensibiliser.
Faire à nouveau sécher sur le support. L’horizontalité n’a à ce stade aucune importance et le séchage est beaucoup plus rapide.
ATTENTION: il est conseillé d'utiliser ce bain au formol à l'extérieur, ou dans une pièce bien ventilée en portant un masque respiratoire adéquat.
Deuxième partie, le gélatinage.
Gélatinage à l’alun.
9 grammes de gélatine + 200 ml d’eau distillée.
3 grammes d’amidon + 100 ml d’eau distillée.
5 ml d’alun de chrome ou de potassium à 1%
Laisser gonfler la gélatine à l'eau froide une demi heure puis réchauffer jusqu'à environ 55°C. Par ailleurs, diluer l'amidon dans 100ml d'eau, sans faire bouillir. Ajouter l'amidon, puis l'alun de chrome à la gélatine en fusion. Procéder ensuite comme pour l’encollage, c’est-à-dire par immersion pendant un quart d’heure en prenant les mêmes précautions. Egouttage et séchage sur le même support horizontal. Une fois sec, entreposer ce papier
dans un endroit sec pendant plusieurs jours de manière à ce que l’alun agisse. Gélatinage au formol.
9 grammes de gélatine + 200 ml d’eau distillée.
3 grammes d’amidon + 100 ml d’eau distillée.
1,5 ml de formol + 1litre d’eau déminéralisé
Même procédure que la version à l’alun ci-dessus. Egouttage et séchage sur le même support horizontal pendant 24 heures.
Immerger le papier dans la solution à 0,15% de formol pendant 10 minutes. Rincer en changeant l’eau une ou deux fois et faire sécher sur le support.
ATTENTION: il est conseillé d'utiliser ce bain au formol à l'extérieur, ou dans une pièce bien ventilée en portant un masque respiratoire adéquat.
A ce stade, le papier est prêt à être travailler. Quelques précisions :
- Lors de l’immersion du papier, notamment lors de l’encollage, ne pas s’affoler à l’apparition de bulles plus ou moins grosses à la surface du papier. C’est normal puisque c’est l’air emprisonné dans le papier qui s’échappe. Ces bulles vont rapidement disparaître.
Du fait de cette méthode, le papier est moins sujet au gondolage. Pour le support, je déconseille le verre qui est beaucoup trop lisse. Vous auriez
beaucoup de difficultés à décoller le papier une fois sec sans le déchirer. Préférez soit un verre dépoli, soit du plexiglass un peu épais donc rigide.
Pour décoller le papier du support, faites glisser la lame d’un couteau sous un coin et tirer doucement. Il est impératif d’attendre le séchage complet sous peine d’avoir un risque de déchirure.
L’avantage de cette méthode pour la couche de gélatine à sensibiliser réside dans le fait qu’elle est bien uniforme, sans bulle et assez fine.
René Smets parle d’un double encollage pour les papiers modernes. Il s’agit là de papiers nobles de type aquarelle ou beaux arts.
En ce qui concerne le papier Japonais, un seul encollage peut suffire. Il faut néanmoins savoir que l’aspect originel relativement opaque et proche du blanc sera remplacé par un aspect légèrement plus écru et transparent.
Ce papier Japonais, encollé, gélatiné et encré suivant la méthode traditionnelle en Oléotypie sera marouflé avec de la colle d’amidon sur un autre papier Japonais ou sur un support plus rigide, au choix de l’auteur. Il convient alors de n’enduire que le dos du papier encré, de maroufler ce dernier au pinceau large sur le support choisi qui lui est sec. Déposer ce sandwich entre deux tissus parfaitement propres et secs, genre tissu de torchon de cuisine, et mettre sous presse légère. Les tissus vont absorber l’humidité de la colle tout en gardant une parfaite planéité au sandwich. Il convient de changer de tissus entre deux et quatre fois toutes les quatre à six heures, tout du moins jusqu’à ce que l’oeuvre soit sèche. Il est parfaitement raisonnable de patienter deux ou trois jours en espaçant le changement de tissu. et ainsi d’éviter toute mauvaise surprise.
Je vous souhaite un agréable travail.
Armand BENEDIC
Bibliographie : Méthode René Smets (http://picto.info/oildoc/Huile_RS.pdf).
Site de l’auteur : http://aboleo57.wordpress.com